J’ai passionnément requis un refuge, un antre, un abri où façonner ces poèmes, les lier, les relier. Je voulais me dérober aux rais de l’immédiat, m’éclipser, ignorer le chantier voisin, l’irruption du téléphone, les visites impromptues.
L’aube arrive. Pour l’écrivaine, elle est féconde. Elle se retire de l’agitation naissante, fait un pas de côté pour mieux observer le monde qui l’entoure, avant d’y revenir, alerte, à l’écoute et disponible. Colette Nys-Mazure évoque l’excitation du nouveau projet qui prend aux tripes, mais aussi l’angoisse de l’écriture, le saut dans le vide, et surtout la nécessaire confiance dans le processus journalier.
À partir de quand cesse-t-on de regarder vers l’avenir et regarde-t-on les souvenirs, le passé ? quelle place trouver dans le tumulte du monde ? quel juste endroit pour le poète ?
Colette Nys livre ici des poèmes simples, généreux, d’une écriture à fleur de peau ; de courts textes autobiographiques emmènent le lecteur vers un territoire commun. Elle met en mots ce qui la fait vibrer, lui donne envie de s’éveiller chaque matin; ce qui l’inquiète, la nuit tombée. Elle parle de l’âge, des amis proches en allés, de l’absence et du souvenir. Mais aussi de la vie qui jaillit, du jour qui nous hèle chaque matin les uns près des autres, coude-à-coude.
Camille Nicolle accompagne le texte de ses formes en aplats qui font émerger la lumière. Un cheminement progresse dans le livre sous forme de rais de lumière tantôt phares tantôt lucioles, qui accompagnent, devancent ou attendent les mots.