On ne trouvera pas ici une analyse filmique à proprement parler. Sans doute l’analyse s’appuie-t-elle parfois sur telle ou telle figure du langage cinématographique (panoramique, voix off, flash-back…), mais l’essentiel est ailleurs.
L’essentiel est dans ce regard que le philosophe peut porter sur le monde d’un cinéaste. Ce dialogue de l’image et du concept ne permet pas seulement de mettre en évidence le sens dont une oeuvre est, à l’infini, porteuse : il peut permettre également de préserver la philosophie de la pure abstraction qui toujours la guette. Bref, plus que jamais, il s’agit de redescendre dans la Caverne. On n’a eu le sentiment de trahir ni la dialectique platonicienne, ni les Pensées de Pascal, ni la Logique de Hegel en tentant de trouver en elles la clef de déchiffrement de telle ou telle oeuvre cinématographique.
L’effort d’interprétation ne saurait, cela va de soi, se substituer à l’émotion qu’une oeuvre d’art suscite en nous. Et en dernier lieu, c’est cette émotion — ce plaisir pur — qui décide de tout. Mais le détour de l’analyse, débusquant le sens, peut être lui-même source de plaisir…