Il paraît que "Les Français n'ont pas la tête épique", à en croire un certain monsieur Malezieu, consulté par le jeune Voltaire. La cause semble entendue et, traditionnellement, les vieilles histoires de la littérature française confirment ce jugement. Or les procédés caractéristiques de l'épopée restent visibles dans tous les genres actuels d'expression, avec une certaine veine du roman moderne, mais également au cinéma, à la télévision, dans la bande dessinée et même dans les jeux vidéo. Voilà qui pose question !
La présente étude commence par rappeler l'œuvre des deux poètes épiques de l'Antiquité qui ont exercé sur la littérature européenne une influence fondamentale, Homère et Virgile. Puis elle cherche à repérer dans l'épopée française, de la Chanson de Roland à La Henriade, les aspects les plus fréquents du contenu et de l'écriture. Quels sont les traits les plus saillants du genre que fait apparaître une analyse de textes ?
Avec la disparition de l'esthétique classique, tout change au XIXè siècle. L'épopée, depuis longtemps concurrencée par la narration en prose, moins ambitieuse et moins élevée, plus souple et plus séduisante, s'efface progressivement devant le roman et change de forme. Elle demeure présente parce qu'elle exprime des composantes fondamentales de l'humanité : la fascination de la violence, la passion de l'aventure, la volonté de dépasser ses limites, le besoin de poursuivre un idéal, le désir de voir changer les lois ordinaires de la nature, bref, le rêve de l'immortalité.