Si la formule du devoir n'est pas toute la morale, il n'y a pourtant pas de morale valable sans universalité formelle. C'est le devoir qui, en tant que principe de la morale pure, fonde et évalue toute morale concrète ; à ce titre, il reste nécessaire à l'homme, en tant que principe d'orientation dans les situations concrètes. Si le devoir ne me dit pas ce que je dois faire, in concreto, du moins délimite-t-il la sphère de ce que je ne dois pas faire. Il reste alors à la conscience morale d'inventer son devoir, et de prendre ses responsabilités, au cœur d'un monde déchiré, où nulle formule abstraite ne saurait en effet exempter le sujet de sa responsabilité d'homme, dans l'urgence de l'action, ici et maintenant.