Le chemin pour aller à la philosophie doit subir la torture du détour. La déconstruction est la fidélité amoureuse d’un corps à corps, dans la philo-sophie, entre ce qu’elle croit être et ce qui la rend (im)possible. Difficile à enfermer dans la tranquillité d’un corpus de thèses bien déterminées, la pensée de Derrida exige un dispositif particulier.
Soit deux textes.
Le premier joue la continuité et la fluidité. Neuf livres de Derrida, de 1967 à 2006, choisis pour leur importance, pour leur beauté, et pour leur caractère de manifeste. Il s’agira de les lire, intégralement ou presque, sans rupture ni synthèse, en empathie avec le rythme si singulier de la pensée derridienne. Pas à pas donc.
Mais au-dessous de ce premier texte, en appui, viendra courir un tout autre récit, pariant cette fois sur la rupture, l’éclatement et la dissémination des références. À propos de ce qui était l’objet des textes choisis précédemment, on déploiera ainsi tous ses visages possibles, passant sans autre précaution d’un texte à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un pas à l’autre, non plus sur le tempo de la promenade mais bien sur celui de l’expédition guerrière. Pas à pas, encore.