En guise d’invitation à son lecteur, Nietzsche avait composé ce petit poème :
“Ils te séduisent mon style et mon langage ?
Quoi, tu me suivrais pas à pas ?
Aie souci de n’être fidèle qu’à toi-même –
Et tu m’auras suivi – tout doux ! tout doux !”
Mais si Nietzsche exige de n’être fidèle qu’à soi-même, pourquoi donc prendre la peine de le lire ?
C’est que, chemin faisant, il ne nous sera pas nécessaire de devenir les disciples de Nietzsche, attendant passivement de lui qu’il nous révèle la Vérité : suivre Nietzsche, c’est tout au contraire comprendre que ce qu’on appelle “la Vérité” n’existe pas, que le sens de toute chose, de notre vie même, n’est pas à découvrir mais à conquérir. Selon Nietzsche, le sens que nous donnons aux choses est le fruit d’une création qui, en elle-même, n’a pas de sens.