Existe-t-il une philosophie juive, comme il existe une philosophie grecque ou une philosophie allemande ? Pas vraiment, mais il existe, à n’en pas douter, différents systèmes qui ont tenté, au cours des âges, de fournir du judaïsme une description philosophique.
De Maimonide (ob. 1204) à Hermann Cohen (ob. 1918), les penseurs qui ont donné un système presque complet du judaïsme ont plus interprété cette religion qu’ils ne l’ont décrite telle qu’elle était, suivant la pratique de ses fidèles. Cela n’entame en rien la valeur des ces présentations mais cela définit plutôt bien, selon nous, l’attitude des philosophes juifs à l’égard de la Bible, point de départ de leurs spéculations.
Dans le judaïsme, tout part de la Bible et tout y revient. Pour insérer sa philosophie néo-aristotélicienne dans le texte biblique, Maimonide a dû procéder à un commentaire non littéral, une interprétation allégorique. C’est à ce prix-là qu’il pouvait prétendre retrouver les quatre éléments de la Physique d’Aristote dans le récit de la Genèse. C’est aussi de la même manière qu’il introduit les différentes théories de la Providence divine dans l’exégèse philosophique du Livre de Job.20. La même remarque vaut pour Hermann Cohen qui tenta de rapprocher le judaïsme du kantisme dont il se voulait le rénovateur au sein de l’École de Marbourg.
Cette Petite histoire de la philosophie juive se veut un essai original sur cette pensée bien spécifique et s’accompagne d’une première tentative pour présenter une anthologie allant du Talmud, premier commentaire biblique, à Emmanuel Lévinas en passant par les grands philosophes médiévaux, les représentants de la kabbale et les acteurs du renouveau de la pensée judéo-allemande au XIXe siècle.