La philosophie d’Aristote constitue l’un des moments fondateurs de la pensée occidentale : qu’ils subissent son influence, ou qu’ils luttent contre elle de manière polémique, les penseurs ultérieurs n’ignoreront jamais la réflexion de celui que l’on désigna pendant un temps comme « Le Philosophe » par excellence.
Si par leur forme et leur style ses écrits peuvent parfois, dans un premier temps, rebuter ou décourager, ceux-ci ne doivent pas cependant faire négliger l’extrême vivacité d’une pensée soucieuse de penser avec rigueur, et cohérence, la totalité de la réalité : si Aristote est un métaphysicien, il est aussi celui qui sut se soucier de la nature dans son ensemble, tenter de penser par exemple la spécificité et l’ordre du vivant, le monde terrestre autant que céleste, l’animal et l’humain autant que le divin.
Tendue entre la recherche de l’universalité et l’attention prêtée au singulier, entre matérialité et immatérialité, la pensée aristotélicienne apparaît ainsi comme effort proprement philosophique pour penser ensemble l’immédiateté du réel sensible et les principes qui l’informent, l’apparent désordre de l’expérience et sa rationalité propre, travaillant ainsi à surpasser les clivages trop aisément et communément admis.