La médecine réfléchie au miroir des sciences humaines

Que signifie entrer en médecine ? Pour l’étudiant, s’apprêter à des études spécialisées, mais aussi à un long cheminement à la rencontre de l’autre ; pour le patient, s’en remettre avec espoir ou terreur à la science, mais aussi à des praticiens ; pour le clinicien, appliquer ses connaissances, son savoir-faire, mais aussi s’impliquer dans une relation thérapeutique toujours singulière ; pour la société, viser le bien-être de ses membres, mais aussi poser la question de la norme ; s’assurer de la justesse des soins, mais aussi poser la question de la justice. Nous tentons ici, à la lumière des sciences humaines, d’apporter quelques jalons pour un cheminement dans le monde médical. Il s’agit de questionner les lieux de la médecine, en vue de la recherche d’une position à l’égard d’une logique médicale la plupart du temps considérée comme allant de soi. Nous proposons d’interroger les tensions à l’œuvre dans l’horizon biomédical contemporain, en engageant une démarche généalogique axée sur la recherche de leur origine, et un questionnement de l’altérité dans les multiples représentations de la santé et de la maladie, la pluralité thérapeutique, la diversité des façons d’habiter son corps et le lien social. Sans prétention d’exhaustivité, cet ouvrage invite à un travail de problématisation. Dans cette optique, ce n’est pas parce qu’elles devraient compléter l’apport des sciences exactes que les sciences humaines s’avèrent fécondes ; de manière plus essentielle, la prise en considération des questions qu’elles suscitent sur la médecine contraint à questionner les fondements, la fécondité et les limites, la validité et la valeur des savoirs et des pratiques. En d’autres termes, elles nous invitent à renouveler la base épistémologique même sur laquelle repose la médecine contemporaine par le souci de la pratique.