L’État est-il une puissance contraignante ? C’est ce dont on se plaint souvent : en raison des lois, des impôts et d’une série de charges imposées par la vie civile, l’autorité politique nous apparaît, la plupart du temps, comme un obstacle à la liberté. Le défi que se donne Rousseau dans le Contrat social est, au contraire, de montrer que non seulement l’État libère, mais surtout qu’il est, dans son fondement, l’expression de la libre volonté du peuple. C’est la condition sans laquelle il ne saurait être légitime. Mais comment des restrictions peuvent-elles être compatibles avec la liberté ? Associer la vie civile et la liberté est-il une gageure insoluble ? À moins que Rousseau ne parvienne, dans cet ouvrage, à jeter les bases d’une théorie de l’autorité politique promotrice de liberté ?