La philosophie à laquelle nous convie Camus est profondément enracinée dans l’expérience humaine. Il s’agit de penser à la fois le scandale du mal et la douceur des soirs, le sentiment de l’absurde et la plénitude de l’extase. La voie qui se dessine alors pour la réflexion et pour l’action est une voie moyenne : proposer un geste qui soit à la fois consentement à la beauté du monde et refus de l’inhumanité. C’est à l’articulation de ces exigences intransigeantes que se situe la révolte prônée par Camus. Cette réflexion n’a pas perdu son actualité. Elle offre des clés pour comprendre et pour critiquer tous les élans révolutionnaires, toutes les formes du cynisme bourgeois et toutes les manifestations d’une bonne conscience facile. Apprendre à philosopher avec Camus, c’est apprendre à s’indigner tout en se méfiant toujours de l’indignation.