Deleuze fut le grand amour philosophique de mes années d’étudiant.
Relisant son oeuvre dix ans plus tard, j’ai pris conscience que, sous ses airs d’enfant terrible, Deleuze avait en fait développé une métaphysique en bonne et due forme, tissant méticuleusement la toile d’un système clos, de facture kantienne. Et qu’en grattant le vernis marxiste, on découvrait une philosophie politique beaucoup plus nuancée, rejoignant même sur de nombreux points l’anarcho-capitalisme américain.
De là est venue l’idée de ces leçons. À rebours de l’interprétation courante de Deleuze, je cherche à présenter, en m’appuyant avec autant de précision que possible sur ses textes, un auteur à la fois plus sage et plus profondément audacieux. Finalement, n’est-ce pas le meilleur hommage à rendre à Deleuze, que de se risquer à une lecture minoritaire de son oeuvre ? Rebelle et révolutionnaire, Gilles Deleuze ? Plutôt classique et libéral.
Comme s’il nous avait caché, derrière la rhétorique de rigueur dans les années 70 et 80, l’originalité réelle de sa pensée.