En regard du destin tragique des révolutions qui se sont faites en son nom, l’oeuvre de Marx soumet le lecteur soucieux de la découvrir à une double tentation. Soit il essaie d’y déceler la matrice d’un désastre politique ; soit il cherche à isoler en elle une vérité scientifique demeurée pure, et sans lien avec l’histoire de son utilisation.
Dans les deux cas, il manque l’essentiel de ce qui constitue la singularité de la pensée de Marx : un refus obstiné de toute séparation entre théorie et pratique et le désir de proposer, dans le plus rigoureux des systèmes conceptuels, une philosophie capable de transformer le monde.