Ce philosophe qui refuse d’être désigné comme l’auteur d’un livre a laissé une prolifération de textes éclectiques, dont le Vocabulaire des vocabulaires, la grande Encyclopédie ! L’effet de ce paradoxe est l’entrée en philosophie d’un vocabulaire traditionnel dont l’usage est décentré et désorienté, auquel s’entremêle un vocabulaire iconoclaste, importé, qui n’y eut jamais droit de cité. Les partisans de la rigueur du concept ne s’y sont pas trompés : inutile d’organiser la défense de Diderot par une vaine plaidoirie au tribunal de la Raison. Il s’agit d’entrer avec lui dans une écriture et un vocabulaire susceptibles d’« exprimer » par une prolifération de genres littéraires et rhétoriques la prolifération des formes de l’énergie de la « molécule ». Approuver la décision matérialiste de sa philosophie pour un naturalisme aléatoire, c’est s’engager à « voir la chose », se rendre aveugle au vocabulaire du concept et à l’ordre du système, pour éprouver, avec l’aveugle de la Lettre cette autre cohérence du vocabulaire philosophique où les idées sont « moulées » par les sensations.