Lire Levinas aujourd’hui se présente pour nous comme l’exigence de se défaire d’une philosophie qui n’a pu empêcher la violence. Le sujet s’éprouve lui-même, accomplit sa liberté, s’enrichit d’aventures mais ne sort pas de soi. Il retourne fatalement à lui-même, sans aucune passerelle vers autrui, fût-il un sujet pensant. La pensée de Levinas remonte à une éthique qui serait le premier mot de la philosophie. Le sujet est responsable avant d’être un sujet pensant.
Face à une pensée occidentale où le sujet découvre l’univers en lui-même, avec Levinas, c’est la lumière du visage de l’autre qui inaugure une démarche spirituelle de l’homme. Son oeuvre nous conduit à croiser une histoire qui a oublié le visage avec la Seconde Guerre mondiale, apogée de la violence de la totalité. Elle nous invite à chercher comment se conjuguent, pour un moi responsable, l’approche d’un visage et d’une société. Une réflexion au cours de laquelle nous rencontrons le féminin, la paternité, la maternité, la société, la politique, enfin Dieu et les concepts religieux, qui sans l’éthique restent vides.