Le stoïcisme fait partie de notre patrimoine. Il a marqué très profondément notre histoire, y compris dans des domaines où on ne l’attendrait pas. Son image austère et grandiose lui confère une noblesse saluée, mais un peu rébarbative. En réalité, c’est une philosophie souvent mal comprise, qui déborde très largement le cadre de cette image. Les œuvres des trois premiers siècles de l’école ont disparu, ce qui nous oblige à en reconstituer la pensée à partir des fragments et des témoignages qui ont franchi l’épreuve du temps. Et, au-delà de ce travail d’archéologie textuelle, nous avons à découvrir une philosophie qui reste encore largement méconnue parce qu’elle a été occultée par le platonisme, et théâtralisée par la représentation spectaculaire que les Romains en ont donnée. Paradoxalement, les outils modernes permettent aussi de mieux comprendre les philosophies du passé, et les notions de système et d’information nous ouvrent une nouvelle lecture du stoïcisme. C’est une philosophie de l’information, dont nous pouvons aujourd’hui prendre toute la mesure. Le stoïcisme nous donne des outils philosophiques grâce auxquels nous pouvons dépasser les impasses du dualisme et notre impossibilité de conceptualiser les rapports de la pensée et du corps autrement que sur le mode de l’altérité ou de la réduction. Entre un spiritualisme dualiste et un monisme matérialiste, le stoïcisme trace une voie peut-être encore plus féconde aujourd’hui qu’elle ne l’a été dans l’Antiquité. Dans ce cours, J.-J. Duhot, qui a, par ses livres et ses articles, apporté une importante contribution à la connaissance du stoïcisme, opère une synthèse d’un demi-siècle de recherche.
Jean-Joël Duhot est enseignant-chercheur émérite à l’université Jean Moulin Lyon III.