"Quand j'ai réouvert les yeux, une jeune fille à côté de moi poussait des cris d'horreur et de détresse : "Les chars écrasent les étudiants !"
J'ai vu, de mes yeux vu, les chars reculer sur les cadavres qu'ils avaient écrasés, une fille avec une robe bleue - je m'en souviendrai toujours - un garçon vêtu de vert. Les blindés avaient maintenant repris leur position sur la place. Face à cette scène inimaginable, je restais pétrifié mais étrangement calme. J'avais l'impression que dans ce monde de folie, tout pouvait arriver. La vie était soudainement devenue quelque chose de très léger, comme une feuille en automne qui chute en faisant des spirales et qu'un petit vent fait s'envoler."