Les espoirs qu'avait fait naître le Printemps arabe en Tunisie en 2011 ont laissé place à la désillusion. Huit ans après la chute de Ben Ali, aucune perspective d'avenir ne semble voir le jour. Pour de nombreux Tunisiens, l'exil représente un moyen de lutte contre la souffrance et les inégalités sociales. Cette émigration "clandestine", appelée harga, symbolise le désespoir de tout un pays.
Au fil des pages de ce livre, on suit les parcours de jeunes sans-papiers tunisiens en Europe, leur sentiment d'exclusion, la radicalisation de leurs visions du monde, l'expression de leur frustration, recueillis grâce à des enquêtes ethnographiques menées sur le terrain et sur les réseaux sociaux.
Loin d'être passifs, ces migrants tunisiens jouent un rôle actif dans la formulation puis le développement de leur projet migratoire. Ils revendiquent leur droit à s'exiler et à rejoindre le continent européen, alors que les politiques migratoires s'y opposent. Pour garder espoir face à l'avenir, ils s'efforcent de donner du sens à leurs parcours (parfois traumatiques), par exemple en leur conférant une tonalité héroïque ou une signification religieuse (maktoub).