À travers les métamorphoses successives d’une femme, Mabel, arrivée jeune mariée à Kyoto en 1902, revenue veuve en 1946 à Tokyo, et jusqu’au passage d’une jeune Française dans le monde de l’art contemporain, sur l’île de Naoshima, c’est une vaste histoire du Japon qui se déroule. Des grandes étapes du développement économique au tournant des xixe et xxe siècles à la modernité dernier cri en passant par la douloureuse et longue occupation américaine de 1945 à 1952 ou les ravages paradoxaux des Jeux olympiques de 1964, on découvre un pays complexe et souvent contradictoire.
Ce récit déploie une formidable érudition, toujours parfaitement accessible, et aussi une grande liberté d’écriture, touchant au merveilleux fantastique, où les femmes s’enfuient pour être libres, et connaissent dès lors d’étranges métamorphoses, en renarde, alouette ou luciole, jusqu’à l’avènement d’une nouvelle apparition, désirable et désirante.
Dejima, qui donne son titre au roman, est le nom d’une île artificielle construite par les Japonais dans la baie de Nagasaki afin de pouvoir commercer avec les Hollandais sans qu’ils mettent le pied sur le sol national. Mais nous qui croyons débarquer au Japon, sommes-nous bien sûrs d’y être ?