Ce livre, aussi rigoureux qu’inventif, offre une perspective stimulante sur les questions de « l’internationalisation » et de « la mondialisation ». Il prend les choses à rebours : il s’intéresse aux institutions nationales mais au lieu d’adopter pour cela un point de vue lui-même national, Abram de Swaan fait apparaître que les États-nations et leurs institutions sont inextricablement imbriqués dans des structures transnationales souvent remarquablement prégnantes. Même dans des domaines considérés comme relevant par excellence des affaires intérieures, les questions de langue et du système scolaire par exemple, de Swaan révèle de manière inattendue le primat des structures transnationales. Les analyses des
pratiques culturelles ou des programmes d’enseignement actuels et futurs qui se placent spontanément dans les limites des frontières nationales, oublient le caractère primordial de leur inscription dans ce qu’on peut concevoir comme une société transnationale émergente. Ce livre change ainsi radicalement la perspective dominante en sciences sociales et renouvelle la compréhension de plusieurs questions centrales notamment pour la poursuite de la construction européenne.
Abram de Swaan est professeur émérite de l’Université d’Amsterdam. Il a enseigné au Collège de France à Paris et aux universités dans plusieurs pays. Ses livres sont traduits en douze langues. En français, il a signé notamment Diviser pour tuer. Les régimes génocidaires et leurs hommes de main (Seuil, « Liber », 2016), et Contre les femmes. La montée d’une haine mondiale (Seuil, 2021).
Traduit du néerlandais par Bertrand Abraham et de l’anglais par Sophie Renaut.