La vie est belle
Il y a plus de 500 millions d’années, d’étranges créatures peuplaient les mers : Opabinia avec ses cinq yeux et sa trompe frontale, Anomalocaris, redoutable prédateur à mâchoire circulaire, Hallucigenia, dont l’anatomie justifie amplement le nom. Cette faune, fossilisée dans le Schiste de Burgess, est si extraordinaire qu’elle a conduit à une profonde remise en cause des conceptions traditionnelles sur l’histoire de la vie. Il nous faut désormais regarder l’évolution comme à la fois parfaitement logique, et susceptible d’être expliquée a posteriori, mais absolument impossible à prédire et à reproduire. L’essence du vivant est la contingence. Si « la vie est belle », c’est, comme dans le merveilleux film de Frank Capra, par son unicité et son imprévisibilité mêmes.
Stephen Jay Gould (1941-2002)
Professeur à Harvard, il fut l’un des maîtres de la théorie moderne de l’évolution et l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marcel Blanc