Élixirs, potions ou régimes alimentaires, l’art de prolonger la vie plonge ses racines dans la tradition. Ce sont les formes de cet entretien de soi qu’explore ce livre, sa présence dans les actes les plus anodins, son interférence avec la science et les croyances, ses liens avec l’image du corps, la résistance aux épidémies, la défense des cités et la très lente mise en place d’initiatives publiques.
Cette histoire souligne combien la frontière entre le sain et le malsain se déplace avec le temps. Les seuils de ce qui est physiquement toléré, l’apparition du maladif ou du dangereux changent avec la civilisation. Science et technique conduisent au paradoxe de surmonter les menaces anciennes tout en en dévoilant de nouvelles. Le projet d’entretien du corps a lui-même changé : hier on « gardait » la santé, aujourd’hui on l’améliore.
Georges Vigarello
Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, il a notamment publié, au Seuil, Le Sentiment de soi. Histoire de la perception du corps, XVIe-XXe siècle (2014).