Pourquoi la pauvreté ne fait-elle pas scandale ? Comment se fait-il qu’on puisse recenser dans un pays riche plus de huit millions de pauvres officiels sans susciter de réaction indignée ? Qu’est-ce qui se joue collectivement pour qu’une telle réalité ne s’énonce plus comme la conséquence de choix politiques, mais comme un fait comptable ? Pour tenter de comprendre, l’auteur est allé à la rencontre de femmes et d’hommes de toutes catégories sociales, à la ville et à la campagne, non pauvres selon le seuil en vigueur, pour leur demander : « mais pourquoi les pauvres sont-ils pauvres ? »
Il ne s’agit pas d’une enquête sociologique, portée par des statistiques, mais de l’envie d’une citoyenne ordinaire d’aller poser à des gens ordinaires des questions ordinaires sur un sort qui devrait être extra-ordinaire, celui des pauvres. Examinés à la lumière des bouleversements des dernières décennies, les propos rapportés ici dessinent en filigrane un portrait politique, social et affectif d’une France d’aujourd’hui racontée non par des savants ou des journalistes, mais par ses habitants mêmes. Quelque chose comme le miroir tendu de ce qui nous tient -ou ne nous tient plus du tout ensemble.
Catherine Herszberg est notamment l’auteur de Fresnes, histoires de fous (Seuil, 2006), récit de quatre mois passés au quotidien en prison pour témoigner du sort des malades mentaux détenus.