Au Moyen Âge, on n’hésite pas à utiliser les pierres des temples romains pour construire des édifices nouveaux. Personne ne s’en offusque : on n’attache pas un prix particulier à la conservation des constructions du passé. On ne considère pas qu’elles constituent un patrimoine historique, qu’il faut préserver. Le contraste est frappant avec notre époque, où ce terme de patrimoine est devenu un mot clé de notre société mondialisée. Or, sa signification est loin d’être claire, comme le montrent les textes ici réunis.
Cette anthologie regroupe en effet les documents essentiels, qui du XIIe au XXe siècle, nous permettent de comprendre comment a émergé et s’est développé le souci de la préservation des édifices; mais surtout les confusions et les amalgames dangereux qui sont attachés à la notion de « patrimoine », omniprésente aujourd’hui. Se voulant engagée, l’anthologie est précédée par une introduction fondatrice où Françoise Choay désigne le combat qu’il faut mener, en cette époque de mondialisation, contre tout ce qui tend à transformer notre cadre bâti en simple objet de profit, ou de musée.
Professeur émérite, Françoise Choay a notamment enseigné à Paris, en Belgique, en Italie et aux Etats-Unis. Figure majeure de la réflexion contemporaine sur la ville, elle est notamment l’auteur de La Règle et le Modèle (1980) et L’Allégorie du patrimoine (1992). Son œuvre rappelle à une époque qui l’oublie toujours davantage la dimension anthropologique fondamentale de l’aménagement du territoire.