Au lendemain de la guerre en Irak, l'Anglais Edward «Ted» Mundy, fils d'un major dans l'armée des Indes, écrivain raté et guide touristique en Bavière, voit resurgir son passé en la personne de Sasha, l'Allemand de l'Est militant qu'il a rencontré à la fin des années 60 dans un Berlin en proie à l'agitation révolutionnaire et revu dans le crasseux miroir aux espions de la guerre froide pour le montage d'une longue opération d'agent double. Mais aujourd'hui les temps ont changé, et leur amitié renouée au nom d'un idéalisme devenu obsolète se heurtera aux manoeuvres cyniques d'une Amérique plus impérialiste que jamais.
Avec ce roman engagé d'une actualité brûlante, le Carré sonne le glas de l'espionnage à l'ancienne et des valeurs surannées qui structuraient l'univers des agents secrets : depuis le 11 septembre, le monde ignore tout code de l'honneur et les «justes causes» n'y ont plus cours quand l'Amérique de Bush fait subir à tous la marche forcée de son autocélébration triomphaliste et hégémonique. Portant un regard cruellement désabusé sur les agissements machiavéliques d'une Amérique drapée dans sa bonne conscience, le Carré dénonce aussi la veulerie aveugle de ses contemporains, et son message désespéré hantera le lecteur longtemps après la dernière ligne.
John le Carré, né en 1931, a étudié aux universités de Berne et d’Oxford, enseigné à Eton, et travaillé brièvement pour les services de renseignement britanniques durant la guerre froide. Pendant six décennies, il s’est consacré à l’écriture. Il est décédé en 2020 à l’âge de 89 ans.