Betty Mindlin est arrivée en mai 1979 chez les Surui, le long de la br-364 qui relie Cuiabá à Porto-Velho, elle les a rencontrés le long de cette route boueuse alors qu'ils conservaient encore intactes leurs coutumes et leur système traditionnel. Lors de ce premier séjour, elle a rencontré un paradis.
On pourrait dire que les habitants du paradis l'ont trouvée à leur goût. Pas un jour où elle ne fut demandée en mariage malgré la protection et la prude affection du chaman Naraxar. C'est là, à l'abri des ocas, grandes maisons communautaires, entre les corps invitants de l'intérieur et les fantômes de l'extérieur, enveloppée par un chour de rires amicaux, entre invites, jalousie des femmes, menaces, cajoleries et petits travaux de la vie quotidienne, qu'elle apprend tout de ses hôtes et se découvre dans sa vérité de femme blanche et de mère éloignée des siens.
Ces carnets, qui couvrent sept voyages entre 1979 et 1983, même et surtout parce qu'ils ont été revisités, retravaillés pour mettre en scène les gens et les mythes, comme l'indiquent les Pages d'un journal fictif ou le fantasme de la petite pleureuse, sont soutenus par des observations anthropologiques rigoureuses mais jamais encombrantes dont la pertinence s'impose au regard de cette anthropologue enjouée, choisie et adoptée par ses Indiens préférés, et qu'elle nous fait partager avec une presque gourmandise. Betty Mindlin, curieuse et gourmande, fait du lecteur son compagnon de voyage et nous raconte ce monde différent avec une grande simplicité, une vitalité et une acceptation de l'autre exceptionnelles.
Le paradis s'est ensuite transformé au long des sept voyages, elle y a vécu la guerre contre les trafiquants de diamants, la modernisation et la découverte du travail salarié.
On connaissait Betty Mindlin pour Fricassée de maris, avec ses Carnets sauvages elle nous introduit à une dernière humanité que nous ferions bien, nous Occidentaux, de prendre enfin en compte.
Betty Mindlin est anthropologue. Diplômée de l'Université de Cornell, elle travaille et vit à São Paulo. Elle a fondé l'Instituto de Antropologia e Meio Ambiente (Anthropologie et Environnement) en 1987 et se bat depuis trente ans pour la reconnaissance des peuples indiens au Brésil.
Elle est l'auteur de Fricassée de maris (Métailié, 2005)