« … alors que pardon, ironise-t-elle, mais vivre en autogestion et en dissidence, je n’ai pas l’impression que c’est ce qu’ils viennent chercher chez nous, les réfugiés. Ils ne comprennent pas pourquoi c’est si mal organisé ici mais en attendant mieux ils supportent, ils ne sont plus obligés de dormir dans la rue, ils ont moins faim… Et personne, ni les bénévoles naïfs qui débarquent dans ce bazar, ni les premiers intéressés, personne n’y comprend rien. »
Quand elle dit « bénévoles naïfs », son regard dérive un instant vers moi. C’est ce que je dois être pour elle, une bénévole naïve, quelqu’un d’insignifiant et d’un peu ridicule. Lorsqu’elle pénètre dans ce lycée où s’entassent des centaines de réfugiés, Hannah s’interroge. Qu’espère-t-elle trouver en rejoignant toutes celles et tous ceux qui sont venus les aider ?
Jours d’exil reflète les élans et les contradictions de cette femme qui, forte de ses engagements passés dans des organisations d’extrême gauche, porte un regard singulier sur l’occupation du lycée Jean-Quarré, un établissement désaffecté au nord de Paris, par plus de 1 000 migrants durant l’été 2015. Ironique et généreux, son récit ne ménage rien ni personne, et pose des questions qui sont au cœur des débats politiques actuels.
Juliette Kahane est l’auteur de plusieurs romans, dont Une fille (l’Olivier 2015) qui a rencontré un bel accueil de la critique, saluant entre autres une « écriture qui en impose par sa franchise, sa rigueur, sa netteté » (Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche).