L’aspect un peu baroque de ce livre tient à son sujet même : son fil conducteur est une tresse. Celle que toute parole recèle en secret. Le titre l’évoque : des associations (une lutte des rêves) enroulées autour de concepts (des classes logiques). Mais ces associations ont un sens qui n’apparaîtra qu’après-coup : c’est le troisième brin de la tresse.
L’essai de Max Dorra analyse la méthode de la libre association, la plus géniale de toutes les inventions freudiennes, qui fait de nous de véritables Houdini, capables de déjouer nos faux huis-clos, de démasquer le caractère illusoire de ce qui nous ligotait – pensions-nous.
« Associer », c’est laisser venir tout ce qui vous passe par la tête sans chercher à être intelligent, ne pas être philosophiquement correct. La libre association, « règle fondamentale » du traitement psychanalytique, rend Freud insoluble dans la philosophie traditionnelle. En retrouvant une douleur plus ancienne, elle permet de remettre les choses à leur place. Freud fait lui-même une découverte bouleversante : c’est de réminiscences qu’il souffre. Il le découvre en « embrassant d’un seul regard » toutes ses associations et élabore ainsi une mémoire du sens.
La méthode des associations libres nous apprend que l’on peut s’échapper du « jardin aux sentiers qui bifurquent » et sortir paradoxalement du « monde extérieur », de ses labyrinthes, de ses pièges.
Ainsi la lecture de cet essai, aussi libre que la méthode dont il traite, procure-t-il le sentiment grisant de la découverte, sous la conduite d’un « psychologue surpris » – pour reprendre un titre de Reik – et qui est aussi un humaniste étonné.