La vie mode d’emploi
« J’ai lutté à mains nues quasiment toute ma vie. […] Je suis un écrivain ambitieux. J’ai essayé d’échapper à l’idée selon laquelle les femmes écrivent toujours sur "l’expérience" – dans les limites de ce qu’elles savent – contrairement aux hommes qui écrivent sur ce qui est grand et audacieux. Pourquoi une femme devrait-elle être cantonnée à quoi que ce soit par qui que ce soit ? »
Dans Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, sorti en Angleterre il y a quelques mois, le personnage n’en est plus un. Il s’agit de l’auteur, Jeanette Winterson. Elle écrit sans fard le « roman vrai » d’une vie : la rigueur mystique d’une mère adoptive à l’esprit étroit, l’Angleterre des années 60, les démons de la dépression. Comment devient-on écrivain alors qu’on se destinait à entrer dans les ordres ? Winterson nous raconte sa trajectoire hors du commun. Dans une maison interdite aux livres, elle a su malgré tout nourrir et préserver la toute-puissance de l’imaginaire.
Ce texte exceptionnel est surtout le récit d’une quête d’identité, celle de Jeanette et, à travers elle, de toutes les femmes engagées dans la bataille pour leur liberté. Mères, amantes, amies, écrivains, modèles, adorées ou honnies, Winterson leur rend hommage dans ces mémoires d’une jeune fille issue du prolétariat de Manchester.