Evelyn Waugh disait : « Écrire n’est pas enquêter sur un personnage, c’est un exercice de la langue, et ça, ça m’obsède. La technique psychologique ne me dit rien. C’est le drame, le discours et les événements qui m’intéressent. »
Pour Adam Phillips, la psychanalyse tient des deux : c’est à la fois une enquête sur un personnage et un exercice théorique et pratique de la langue. En tant que thérapie, elle enquête sur des personnages avec l’idée de rendre les gens plus heureux, de leur faire trouver la vie plus intéressante. Et à la différence de la littérature, elle offre la possibilité de voir exactement ce qu’est la vie, et pourquoi il est préférable – quand c’est le cas – de s’intéresser à elle plutôt qu’à la psychologie ou au langage.
Après deux livres exigeants par leur technicité ( Winnicott et les Trois capacités négatives), voici un livre très accessible: il s’agit d’un « best of » tiré d’un recueil d’articles publiés dans la London Review of Books, le New York Times, l’ Observer, etc. De Hamlet à Lacan en passant, évidemment, par Freud, un fil rouge réunit tous ces textes : l’idée selon laquelle la psychanalyse serait une branche de la « littérature ». Sans nier les effets thérapeutiques de l’analyse, Adam Phillips s’attache à montrer que la créativité (en particulier celle des écrivains) est une des clés qui permettent d’accéder à ce que les philosophes de l’Antiquité appelaient une bonne vie. Brillant, impertinent, profond, Adam Phillips devrait, avec ce livre, captiver le public français.