Le Ming Sing est immobile dans la baie. À bord, une centaine d’immigrants, affamés, sales et indifférents. Leur regard flou se perd dans la haute mer.
Tian Sen ne sait pas vraiment pourquoi il est parti, et ce doute le maintient en éveil : il observe et raconte leur voyage.
Cela fait des semaines, des mois, qu’il a quitté Kwan Chou. Sur le bateau, la vie s’est dégradée si vite. L’entassement et la mauvaise nourriture, la puanteur et la maladie. Et ce chef, Yap, qui ne cesse de hurler des ordres et des menaces, et leur fait miroiter des rivages qu’ils ne verront peut-être jamais…
Ceux qu’on jette à la mer s’interroge sur ce qui reste à ces êtres que l’exil dépouille inexorablement.