Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni
« J’étais heureux de revoir Geli après tant d’années. Je n’avais plus de femme depuis longtemps et Geli me plaisait. Elle était petite, mince, elle ressemblait à Ellen Barkin, mais en moins triste, et je sus aussitôt qu’elle aimait le sexe. Elle me demanda si j’étais marié
ou si j’avais une amie. Au lieu de répondre, je lui demandai ce qu’il en était pour elle.
– Je suis justement en train de me séparer de quelqu’un, dit-elle, mais lui, hélas, ne se sépare pas de moi.
Nous étions dehors, au coin de la Reichenbachstrasse et de la Gärtnerplatz, et Geli dit :
– Accompagne-moi chez moi. J’ai lu ton dernier livre. Je veux en parler avec toi.
– Non, dis-je, surtout pas. Mais emmène-moi tout de même.
Le livre était posé à côté du lit de Geli. C’était une histoire d’amour, celle d’une femme qui ne peut pas, bien qu’elle veuille, et d’un homme qui veut, bien que la femme ne puisse pas.
Après que nous nous fûmes rhabillés, Geli dit :
– Je veux juste savoir une chose : dans la vie, tout était-il exactement comme dans ton livre ? »
Les « instantanés » de Maxim Biller passent au crible l’amour sous toutes ses formes : érotique, tendre, méchant, cynique. Ces 27 nouvelles brillent par leur intelligence et leur humour.