Depuis les années 1990, un nombre croissant de juridictions pénales à travers le monde recourent à des expertises qui prennent appui sur la génétique comportementale et les neurosciences afin d’évaluer la responsabilité et la dangerosité des auteurs d’actes délinquants.
Ce livre propose d’éclairer les prémisses de ce savoir scientifique en s’intéressant à la naissance et au développement de la criminologie biosociale aux États-Unis depuis les années 1960. Dans une enquête inédite, reposant sur des études de la littérature et de controverses scientifiques, des analyses statistiques et des entretiens avec des criminologues, sociologues et psychologues, il montre comment cette
branche de la criminologie, au départ marginale, a gagné en visibilité et en légitimité. Ce développement n’est pas sans conséquences : en prétendant pouvoir identifier les causes biologiques et environnementales des comportements dits « antisociaux », les criminologues biosociaux participent à la redéfinition de la frontière entre le normal et le pathologique.
Héréditaire explore ainsi plus largement les recompositions de l’expertise dans les sociétés contemporaines, et notamment les luttes de territoire que les professions médicales et judiciaires engagent fréquemment pour s’arroger le monopole du diagnostic, de la prise en charge et du traitement des déviances individuelles.