Londres, début des années 80.
Henry Wotton est un dandy qui use et abuse de tous les plaisirs illicites : sexe, drogue, alcool, et bons mots. Dans le studio de son ami (et ex-amant) Basil Hallward, vidéaste très en vogue, il rencontre Dorian Gray, un jeune homme d’une grande beauté. Ce garçon naïf, tout juste sorti d’Oxford, vient de prêter son corps pour l’une des installations de Basil : neuf moniteurs diffusent en plan de plus en plus rapproché l’image de cette silhouette nue, parfaite et langoureuse. Le jeune homme, lorsqu’il la découvre, est abasourdi par sa propre beauté. Il formule alors ce vœu : que l’installation vieillisse et s’enlaidisse, et qu’il reste à jamais tel qu’il est aujourd’hui…
Dorian est Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde transposé un siècle plus tard. Wilde racontait la déchéance du XIXe siècle à l’aube du XXe. Will Self, lui, raconte la lente dérive des années 80 et 90. Autour de Dorian Gray, c’est d’abord l’âge d’or (coming out, art contemporain, émeutes de Brixton Road, coke et héroïne, avec Queen et Kraftwerk en fond sonore). Puis c’est la descente, les ravages du sida, la désillusion sociale, les rave parties et l’arrivée de l’ecstasy. Dans ces variations sur un mythe, Will Self dépeint, avec le cynisme et l’humour qu’on lui connaît, cette fin de siècle désormais révolue.
Traduit de l'anglais par Francis Kerline.