Quelque part près de Vukovar, Nico pénètre par erreur dans un village en ruine. Dans une maison, un garçon de son âge agonise. Nico recueille ses dernières paroles. Il s'appelle Josué, et devient le fil conducteur d'un périple insolite qui le mène au cœur d'un « paysage après la bataille » – ou plutôt entre deux batailles. Car toute la singularité du livre de Jean Hatzfeld tient dans ce pari : écrire non pas le roman de la guerre, mais le roman des « blancs » de la guerre, de ses interstices. Le roman de l'attente.
Sur les petites routes de campagne, les bosquets, les fermes nichées au creux des vallons, pèse une menace. Dans le lointain, on entend des bombardements. Nico, fasciné, se fond dans le paysage dévasté.
À Vikoti Mara, Nico rencontre Siena. Elle tient un café de l'autre côté de la rivière, près d'un parking encombré d'épaves. Elle a été autrefois la fiancée d'un célèbre joueur de football, un ami de Josué, qui a disparu subitement de la ville et qu'elle aimerait retrouver.
Le vrai voyage commence.
Après L'Air de la guerre (prix Novembre 1994) Jean Hatzfeld nous donne un roman d'amour surprenant sur cette période étrange où la ligne de front disparaît pour se dissoudre dans le quotidien. C'est aussi une élégie à une civilisation du fleuve aujourd'hui disparue.