Que se passe-t-il quand la recherche s’arrête ? Ou plutôt que se passerait-il si la recherche, et sa publication dans les revues, s’arrêtaient ? C’est cette hypothèse que plus de 100 revues ont voulu poser sur la table en se déclarant en grève et/ou en lutte, contre la réforme des retraites et contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Depuis le 8 janvier 2020, Actes de la recherche en sciences sociales, en grève, a suspendu son processus de production habituel, notamment l’évaluation des articles et la préparation puis la publication des numéros en cours. Cet arrêt a permis de rejoindre des mouvements interprofessionnels, de participer aux actions dans nos universités et laboratoires, et de contribuer activement à la mobilisation des revues et aux réflexions qui en ont émergé.
À la place, nous proposons aux lectrices et aux lecteurs un numéro inhabituel, inédit même. Par sa forme et par son contenu, il donne à voir ce qu’entraînerait la poursuite du démantèlement, toujours plus brutal, du système public de recherche, et en son sein de l’infrastructure qui permet aux comités et aux secrétariats de rédaction de se réunir, de discuter, de travailler, et aux autrices et auteurs de diffuser leurs recherches. Nous proposons à tout le monde de s’approprier ce numéro, et de se joindre aux réflexions, aux actions, et aux rencontres que suscite cette mobilisation jamais vue des revues scientifiques.