Monsieur José, seul personnage de ce livre qui porte un nom, est un obscur employé de l’État civil. Il travaille dans l’immense bâtiment où sont conservées et mises à jour les archives des vivants et celles des morts. Il vit seul, dans un modeste logement contigu à la grande salle où les employés sont soumis à une stricte hiérarchie bureaucratique. Dans cet univers concentrationnaire, son seul passe-temps consiste à collectionner des renseignements sur les cent personnes les plus célèbres du pays. Un jour, par hasard, il prend la fiche d’une jeune femme. Et sa vie, tout à coup, bascule. Délaissant ses célébrités, il décide de rechercher l’inconnue et se lance, au rythme des longs phrasés de Saramago, dans de rocambolesques aventures. Il fouille la nuit dans les archives de l’État civil, falsifie des autorisations, entre par effraction dans une école, se blesse en escaladant un mur, attrape la grippe, et se met à rédiger un journal. Mais au terme de ses recherches, cet Orphée des temps modernes ne rencontrera la jeune femme ni dans l’Enfer des archives ni au cimetière, « cette grande bibliothèque des morts », où un berger s’amuse à changer les plaques funéraires sur les tombes. Sa quête de l’inconnue, l’espoir d’un amour qu’il ne vivra jamais l’auront mené, en le conduisant vers l’autre, au dépassement de soi, à lui-même.
Enquête policière, conte philosophique, réflexion sur la vie et la mort, la lumière et l’obscurité, Tous les noms, l’un des romans les plus profonds et les plus émouvants du grand écrivain portugais, mérite déjà d’être défini comme un classique.
José Saramago est né en 1922 à Azinhaga, au Portugal. Écrivain majeur du XXe siècle, son œuvre, qui comprend des romans, des essais, de la poésie et du théâtre, est traduite dans le monde entier. Il a reçu en 1995 le prix Camões, la plus haute distinction des lettres portugaises, et le prix Nobel de littérature en 1998. Il est décédé à Lanzarote en 2010.