Elle a fait le tour du monde, l'image du jeune Chinois qui, avec la seule arme de son corps, tente d'arrêter une colonne de chars envoyée pour écraser la liberté naissante. Pour Paul Valadier, l'inconnu de Pékin symbolise la morale en ce qu'elle a de plus haut contre la négation de l'humain. On n'a guère l'habitude d'associer le risque à la morale, assimilée de nos jours au monde des certitudes et des affirmations autoritaires. Il faut pourtant parler du risque de la morale et de ce qu'il implique quand il est question d'éthique politique. Il ne s'agit pas d'un saut dans le vide, "sans filet" ou arbitraire, mais d'un choix raisonnable, fait selon des règles et des principes. Paul Valadier le montre amplement en prenant quatre exemples qui touchent au coeur la société actuelle : le terrorisme, la torture, l'information, la société pluriculturelle.
Là, et pour d'autres problèmes encore, la tâche du moraliste consiste à suggérer qu'en toute circonstance "l'homme peut vouloir le bien et dire le vrai, que, se risquant à le faire, il découvre la beauté du geste". Et en ce sens, la morale est aussi un risque inévitable pour ceux qui ont le souci de l'homme.