Mai 1935-mai 1936... Dans l'île Saint-Louis.
De l'autre côté de la Seine, très loin, la vie s'agite, s'affole, l'actualité, la politique, les années sombres qui approchent.
Dans l'île, quatre amis font des projets : un imprimeur, affairé autour de sa vieille presse à bras au fond d'une cour, quai d'Anjou; un esthète du quai de Bourbon; un étudiant à l'École du Louvre qui, dans sa chambre du quai de Béthune, prépare une thèse sur Canova; une jeune libraire qui travaille à l'enseigne de «L'Encrier», rue des Deux-Ponts.
Leur ambition: vivre loin de l'Histoire et de ses inquiétudes. Mieux, ils déclarent soudain l'indépendance de l'île Saint-Louis en fondant un journal, une luxueuse fantaisie bibliographique : Le Télégraphe. Bientôt, ils entreprennent de rédiger une constitution de l'île sur le modèle de la République de Venise. La moindre des choses, à l'évidence, quand on aspire soi-même à une vie... sérénissime.
Les saisons passent, les numéros du Télégraphe se succèdent, l'île fête son autonomie, les quatre amis et bien d'autres « Ludovisiens » se rencontrent, s'aiment, se disputent, se réconcilient. Mais peut-on vivre loin du continent, bercé par une forme de bonheur léthargique?
« Sérénissime »... S'agit-il d'une chronique villageoise, d'une saga, d'une histoire d'amour aussi, du vieux rêve insulaire d'un total isolement ? Je me pose la question. Mais peut-être suffirait-il de parler d'un roman dans l'île Saint-Louis. Tout simplement.
F.V.