Mythe du chevalier se battant contre les moulins à vent, dessin de Gustave Doré, de Picasso, de Dali, tel est le don Quichotte qui survit aujourd'hui dans nos mémoires. Pourtant, ce fou de littérature, ce dévoreur de romans de chevalerie, qui part à l'aventure pour vair si ce que disent les livres est vrai, est le héros du premier roman moderne.
Retraduire don Quichotte, c'est tenter de redonner au lecteur d'aujourd'hui le même plaisir et la même passion qu'éprouvèrent les lecteurs contemporains de Cervantes. En restituant l'originalité des dialogues et des jeux de mots, en faisant rebondir l'aventure qui, pour la première fais dans l'histoire littéraire, va et vient entre réalité et fiction, en rendant à Sancho sa dimension de personnage, avec une voix et une langue qui lui sont propres, Aline Schulman fait tout à coup surgir la merveilleuse modernité du Quichotte enfouie sous un palimpseste de traductions archaïques. Par-là même elle reste fidèle à l'esthétique de Cervantes et réconcilie, à 400 ans de distance, les deux termes in dispensables à toute littérature : l'auteur et le lecteur.