En permettant à des «choses corporelles» de vivre en dehors du corps de l'homme, les biotechnologies ont ébranlé les bases sur lesquelles a été construite la pensée des juristes occidentaux.
D'où la nécessité d'une démarche historique qui montre pourquoi et comment nous avons hérité du droit romain une conception dématérialisée de l'homme, et qui fraye la voie à une nouvelle logique juridique.
Dans la fiction de L'Affaire de la main volée, qui donne son titre à l'ouvrage, Jean-Pierre Baud montre que la doctrine dominante actuelle conduirait à acquitter celui qui se serait emparé d'une main coupée. Mais on aurait tort de croire que ce genre de paradoxe relève uniquement d'une jurisprudence imaginaire : il suffit d'ouvrir son journal pour se convaincre que la réalité a déjà rattrapé la fiction.