Les Cent-Jours : parenthèse étrange, qui voit le retour du drapeau tricolore et de la Marseillaise, période trouble, que fait revivre Joseph Roth, dans l’intimité d’un empereur assailli par les doutes. Car les vivats de la foule vont, il le sait, au Bonaparte créé par l’imagerie populaire, à ce général audacieux, auquel il ne ressemble plus. C’est de cette image glorieuse qu’est éprise en secret Angéline, une lingère du palais, qui lie résolument son sort à celui de son maître.
De ces destins croisés, Roth suggère qu’ils ont la même grandeur : la conclusion de ce roman émouvant, servi par une prose enthousiaste et lyrique, est qu’ il n’y a pas de grande ou de petite Histoire. En revanche il y a l’importance que les événements revêtent aux yeux de ceux qui les vivent. L’amour d’Angéline vaut la conquête de l’Europe, et la mort de son fils, la défaite de l’Empereur. Une fois encore, Roth livre le fruit de ses réflexions sur l’Histoire, qui n’est jamais chez lui une entité abstraite, mais toujours, se fait chair.