Un destin funeste a voulu que Zina, l’héroïne de ce roman, soit conçue durant une nuit frappée de malédiction, « une nuit de l’erreur » durant laquelle il ne fallait rien concevoir. Elle naîtra le jour de la mort de son grand-père. Ainsi ce qui devait être une fête fut un deuil. Frappée par le sort, maudite à jamais, elle sera un enfant, puis une femme en marge, celle par qui le malheur arrive. Zina fera de la cruauté sa façon d’être au monde et se vengera des hommes captivés par sa beauté. « Les femmes sont cruelles, dira-t-elle, parce que les hommes sont lâches. » Zina s’emploiera à séduire puis à détruire ses amants. Trois lieux magiques, trois villes marocaines servent de décor à cette histoire : le Fès des années quarante, Tanger dix ans plus tard et Chaouen d’aujourd’hui. Tahar Ben Jelloun met en scène plusieurs conteurs pour conjuguer les thèmes qui, depuis toujours, habitent son œuvre : la violence des rapports entre l’homme et la femme, liberté… « Comme par hasard, écrit-il, c’est dans le désastre du monde que je me retrouve, dans les souffrances des innocents que je me reconnais. »