Avoir vingt ans dans les Deux-Sèvres, avec comme horizon d'effroi la guerre d'Algérie, aux approches des années 1960. Samuel Canoby, un jeune étudiant sursitaire, est maître d'internat dans un collège de campagne. Des études de philosophie parmi les champs, la forfanterie des oiseaux. Sa vie distraite au réfectoire, au dortoir, etc. Les moeurs de cet établissement scolaire que dévergondent la végétation, les feuilles, celles des cahiers, des arbres, sur cette terre rouge phosphorique de Melle dont le rouge sert aussi à la correction des copies. Chaque pion a droit à deux jours de congé hebdomadaire pour suivre des cours à la faculté des lettres de Poitiers, 50 km plus au nord. Samuel part, revient. Les saisons passent, bientôt l'hiver au coeur de braise qu'on accélère dans de hauts poêles de fonte, le chahut du printemps. Samuel lit, aime, change souvent de muse, ses amours mal paginées où la marge importe plus que le texte. Abusif rêveur à qui les autres surveillants reprochent ses écarts de pensée, son trouble langage. Que cherche-t-il quand, égaré en de longues promenades, il escalade à la tête de quarante élèves l'insignifiant beau temps, ou s'abrite d'une averse à l'orée d'un bois noir? Comment faire pour échapper à la pesanteur? Atteindre son désert, cette contrée de soi hors de soi? Spinoza l'aide, son maître à penser, à digresser; L'Éthique, l'oeuvre du philosophe, sa boussole du pas de côté, son sextant, sa Croix du Sud, sa rose des sables...