Zipper et son père offre une plongée dans la Vienne du début du siècle dernier, dont les contradictions se reflètent dans la personnalité du «vieux Zipper», archétype du petit-bourgeois qui se pique de modernité, aime à se montrer rebelle face au pouvoir, mais retrouve sa verve patriotique quand éclate la guerre.
Le premier conflit mondial marque un double tournant dans le roman: l'Empire disparaît et le vieux Zipper cède la place à son fils; c'est une génération traumatisée et sans illusions qui donne désormais le ton dans la capitale. À la gaîté excentrique d'avant-guerre se substitue une soif de jouissance et de profit qu'incarne l'industrie cinématographique naissante.
Si l'ironie de l'auteur donne sa saveur au récit, elle ne tourne jamais à la raillerie: le regard reste indulgent pour ces deux générations malmenées par l'Histoire. C'est que Roth ne prononce pas de sentence «comme un dieu ou comme un juge: d'après les intentions et les actes» mais seulement d'après «l'étoffe dont les hommes sont faits».