« Sur le pont du bateau qui accoste, Joseph prend son temps. A quoi servirait de se hâter ? Personne à embrasser, personne à rencontrer, personne à qui confier quelques miettes d’une errance commencée par cette porte qui claque, le 15 juillet 1942. »
Lorsque Joseph Katz revient de Palestine, au début de l’été 46, il a vingt-deux ans. Sa vie est déjà longue. Parce que, en 1942, à Paris, ses parents n’ont pas cru la rafle imminente, parce qu’ils n’ont pas cru leur fils, il est parti. Et il a fait seul la guerre, sa guerre, à sa manière.
Il a sauvé Daniel, un enfant perdu qu’il rencontre dans la rue, puis d’autres enfants, des dizaines d’enfants. Joseph déteste les lâches, mais aussi les donneurs de leçon, les héros qui paradent, ceux pour qui le monde est divisé entre bons et méchants.