Mai 68 : j'avais quatorze ans. Mai 98 : j'en ai quarante-quatre. Imparable. Trente ans et quelques cheveux blancs plus tard, la tentation était forte de jeter un petit coup d'œil dans le rétroviseur. Les banderoles, les slogans, les drapeaux rouges, les manifs. Et ce qui a suivi. Le militantisme. Pour ce qui me concerne, dans les rangs trotskistes. A la Ligue communiste.
Mai 68 : elle avait quatorze ans. Mai 98 ; elle en a quarante-quatre. Imparable. Trente ans et quelques éclats de rire plus tard, la tentation était forte de jeter un petit coup d'œil dans le rétroviseur. Les banderoles, les slogans, les drapeaux rouges, les manifs. Et ce qui a suivi. Le militantisme. Pour ce qui la concerne, dans les rangs sionistes-socialistes. Au kibboutz.
Mai 68 - mai 98. Trente ans ont passé. Et je vis avec elle. Contre toute attente, Monsieur Hasard nous a réunis mais il a eu beaucoup de mal à justifier notre rencontre. Vous verrez.
Depuis quinze ans j'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut.
J'ai eu envie de rompre avec l'habitude, de m'octroyer un moment de répit. De remonter dans le passé. D'évoquer les banderoles, les slogans, les drapeaux rouges, les manifs. Et surtout de raconter une histoire d'amour. La mienne.
T.J.