Il était une fois, effectivement, un vieux couple heureux. Des Berbères de la montagne marocaine, soumis au rythme doux de la vie villageoise, à l'observation des saisons et des couleurs du ciel.
Le vieil homme, revenu d'un passé agité, passe ses journées à calligraphier en langue tifinagh, héritée des anciens Touaregs, un long poème à la gloire d'un saint. Sa poésie sera chantée à la radio, diffusée en cassettes, imprimée et reconnue.
Les portraits de visiteurs, étudiants américains ou amis revenant de l'étranger, ou de héros locaux promis à la désuétude, tel le forgeron africain, agrémentent le rythme austère des journées, scandées par la cérémonie du thé ou la préparation des plats ancestraux, dont un délicieux couscous aux jeunes pousses de navet.
Tout en maugréant contre la «modernité fanfaronne» et ceux qu'il appelle les «parvenus», le vieil homme entreprend un nouveau poème sur le thème de l'arc-en-ciel.