Pourquoi telle femme, tel homme deviennent-ils ce que nous appelons un "génie"? Claude Thélot s'est posé la question en contemplant le plafond de la chapelle Sixtine. Puis il s'est mis au travail, en sociologue et en homme de culture.
Sur les 450 dernières années, et en se limitant à l'Europe, à l'Amérique et à la Russie, l'auteur a retenu 350 noms. La plupart font l'unanimité: Einstein, Léonard de Vinci, Shakespeare, Beethoven, Picasso, Marie Curie, etc. Mais le choix de certains est fatalement plus arbitraire. Libre à chaque lecteur de compléter la liste.
L'essentiel, démontre Claude Thélot, est que ces variations du palmarès ne modifient en rien les tendances fortes. La moitié des génies sont issus d'un milieu supérieur, le quart d'une famille populaire. Le génie est urbain, très rarement paysan. Les artistes et les inventeurs sont fréquemment d'origine populaire, les intellectuels parfois, les génies de l'action jamais. Il arrive que le génie "se fasse" tout seul. Et quatre fois sur cinq, il s'affirme dans un domaine nouveau par rapport à l'héritage familial.
On s'amusera à noter l'abondance des fils de pasteur, et aussi la profusion d'orphelins. Et l'on verra, finalement, se profiler deux grandes silhouettes. Le génie précoce, éblouissant, qui aurait jailli quelles que soient les circonstances. Et le génie qui n'aurait pas éclos sans son environnement, voire sans un coup de chance.
"J'espère, conclut Claude Thélot, que ce livre sera aussi agréable et instructif à lire qu'il le fut à écrire." Pari gagné. L'idée en était géniale.