Les Uruguayens de ce recueil semblent surgir d'un
Montevideo disloqué, mutant, s'éveillant péniblement du cauchemar
militaire. Étranges messages téléphoniques venant
rompre une intimité solitaire, pratiques chirurgicales interdites,
personnages fondateurs surgis des bas-fonds du XIXe siècle,
images de l'enfance évoquées à travers la fenêtre d'une maison
cévenole. Dans un enchevêtrement constant entre tracasseries
quotidiennes, fantastique et mythes universels, la polyphonie
en apparence désaccordée de ces neuf nouvelles révèle la force
souterraine de l'écriture exceptionnelle de Juan Carlos
Mondragón, capable de transfigurer la réalité de tous les jours
en terre de la littérature.
Et si le lecteur doute des vérités contenues dans ces histoires,
qu'il suive le conseil d'Isidore Ducasse : «Allez-y vous-même,
si vous ne voulez pas me croire.»